L’Ong internationale Greenpeace estime que si les peuples autochtones au Cameroun sont connus, c’est notamment par le biais des standards universels et régionaux sur la question et des institutions financières internationales comme la Banque mondiale. S’il est avéré que les peuples autochtones au Cameroun sont identifiables, identifiés et connus, « le faisceau des droits spécifiques liés à leurs conditions ne leur sont pas reconnus », déclare Mme Tchoukep. Les actions menées sur l’ensemble du triangle national confirment l’importance, la nécessité et l’urgence de protéger ce groupe. Qu’il s’agisse du département ministériel en charge (ministère des Affaires sociales, MINAS), des institutions financières, des organisations gouvernementales et non gouvernementales. Toutefois, poursuit notre interlocutrice, « ces actions semblent ou seront vaines et sans effets positifs durables si elles ne sont pas encadrées par une politique et une législation spécifiques aux peuples autochtones ».
Les sources officielles en provenance du MINAS font état de ce que le Cameroun se caractérise par l’extraordinaire diversité de ses peuplements, avec plus de 250 ethnies. Depuis l’indépendance, la politique gouvernementale s’est attelée à assurer l’unité nationale, et l’une des stratégies mises en place à cette fin a consisté en la promotion de « l’intégration nationale ». Celle-ci consiste en un effort de brassage des populations dans le but d’améliorer la compréhension entre elles, et de réduire les particularismes. Seulement, relativise Greenpeace, ces mesures n’ont fait qu’accentuer leur vulnérabilité du fait de la marginalisation dont elles font l’objet, à cause de leur spécificité et de la relation qu’ils entretiennent avec leurs cultures, leurs terres et leurs territoires.
Deux groupes identifiés comme peuples autochtones au Cameroun
Au Cameroun, deux groupes sont identifiés comme peuples autochtones, parmi lesquels les peuples autochtones des forêts (Baka, Bagyéli, Bakola et Bedzang). « Ces derniers ont des modes de vie qui diffèrent considérablement de ceux de la société dominante, leurs cultures sont menacées et au point de l’extinction. Ils ont un lien solide avec les terres et les ressources naturelles environnantes. Leurs systèmes sociaux, économiques, culturels et politiques sont distincts de ceux des groupes dominants et ils ont la volonté de maintenir et de perpétuer leur environnement et leurs systèmes ancestraux. Le plus important, ils s’auto-identifient individuellement et en tant que groupe comme peuples autochtones », confirme Stella Tchoukep.
L’urgence de restituer les peuples autochtones dans leurs droits sur leurs territoires et ressources
A la faveur de la loi no 2012/014 du 09 juillet 2021 régissant l’accès aux ressources génétiques, à leurs dérivés, aux connaissances traditionnelles associées et le partage juste et équitable des avantages issus de leur utilisation, Greenpeace Afrique estime qu’il s’agit là d’une occasion en or pour restituer les peuples autochtones dans leurs droits sur leurs territoires et ressources. « Malheureusement, il faut croire que notre gouvernement a encore choisi de mettre la charrue avant les bœufs. Raison pour laquelle on se demanderait, qui sont, juridiquement parlant, les populations autochtones auxquelles se réfèrent les 24 occurrences du groupe de mots « populations autochtones » dans ladite loi », poursuit Mme Tchoukep. Le Cameroun a signé la Déclaration des Nations-Unies sur les droits des peuples autochtones, à travers laquelle il s’engage, selon l’article 38 à « prendre en consultation et en coopération avec les peuples autochtones, les mesures appropriées, y compris législatives, pour atteindre les buts de la présente Déclaration ». Or, en ne reconnaissant pas le statut de peuples autochtones au sens du droit international à qui de droit, leurs chances de parvenir à l’auto-détermination, continueront d’être compromises, conclut Greenpeace Afrique.