Selon Sékou Falil Doumbouya, expert en commerce des services par ailleurs directeur du Groupe de recherche et d’appui au développement économique et social (GRADES Consulting), l’activité qui est première du genre en Afrique permettra d’identifier les mesures qui affectent le commerce des services dans pratiquement tous les secteurs significatifs des services et pour tous les modes de fourniture des services. Dans le même temps, un autre travail a été réalisé pour calculer les indices de récession sur le commerce des services.
L’audit a été motivé par le constat suivant : les chefs d’Etat se sont engagés aussi bien au niveau de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l’Union africaine à enlever progressivement les barrières au commerce des services. « Mais, c’est un travail qui n’est pas facile, car ces barrières sont incorporées dans les lois et règlementations qui ont été édictées par les parlements et qui sont tout à fait légitimes. Il n’est donc pas évident de lever ces barrières », a relevé M. Sékou Falil Doumbouya. Le travail réalisé avec l’aide de la Banque mondiale et de l’OMC a consisté à revisiter ces textes de lois et règlementations, afin d’analyser et identifier les barrières au commerce des services. Les consultants ont couvert tous les 54 pays africains pour rassembler les textes règlementaires et les lois.
Le commerce de services comme instrument de diversification économique
Un autre projet continental développé avec l’Union européenne est expérimenté dans toutes les régions africaines, en particulier dans les 11 pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). Deux programmes ont ainsi été formulés : l’un sur l’accès aux marchés et la compétitivité et un autre sur le commerce des services. L’activité va couvrir essentiellement la question de l’identification des barrières au commerce des services, l’analyse des politiques de commerce des services. Le deuxième résultat attendu porte sur la définition des engagements à prendre dans le domaine des services. Le troisième est relatif à la sensibilisation du secteur privé sur les opportunités qui existent dans les services. Enfin, le quatrième résultat attendu porte sur l’amélioration du cadre règlementaire qui doit accompagner la libéralisation des services.
La plus-value du commerce des services est capitale. « Si l’on regarde les pays d’Afrique, on constate que 40 à 50% de leur PIB provient du secteur des services. A lui seul, ce secteur dépasse le poids de l’agriculture et de l’industrie », explique Sékou Falil Doumbouya. Dans les pays développés, ce secteur représente les 2/3, soit 75% de leur valeur ajoutée et de leur PIB. C’est un secteur qui créé de la richesse et des emplois, surtout dans un contexte où les pays africains se caractérisent par une croissance démographique très forte. « Le secteur des services arrive à absorber une bonne partie des jeunes qui sont sur le marché du travail, surtout les femmes dont l’emploi constitue un objectif dans nos sociétés modernes », analyse le directeur de GRADES Consulting.
Le directeur général de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, y voit davantage un « secteur crucial pour le développement économique futur et la parité hommes-femmes. En Afrique, le commerce des services offre des possibilités prometteuses, telles que la croissance économique, la réduction de la pauvreté, la création d’emplois et la diversification des échanges ». Au regard des investissements directs étrangers, les 2/3 sont identifiés dans le secteur des services, que ce soit dans les banques, les transports, les télécoms, etc.