Il s’agit particulièrement femmes des comités de gestion de ces deux paysages (CGP) et des commissions communales de gestion desdits paysages (CCGP), des femmes entrepreneures et des points focaux genre des organisations de la société civile. L’objectif de ce cadre de réflexion était de permettre à 53 participantes de développer, améliorer et renforcer leurs compétences en leadership, pour faire entendre leur voix dans les différents forums de décision (CCGP et CGP). « Les femmes avaient des activités qu’elles menaient déjà. Avec ce travail, Rainforest Alliance vient encore les motiver et les galvaniser à davantage jouer ce rôle et pouvoir s’insérer dans les instances de prise de décision sur ce soit dans leurs localités et sur le plan national », souligne Florence Yousseu, et membre de la commission communale de gestion du paysage dans la commune de Bangangté et membre du comité de gestion du paysage dans les monts Bana-Bangangté-Bangou.
Mettre un terme aux préjugés liés au genre
L’activité se justifie par un fait notoire : le développement des femmes issues des paysages des Monts Bamboutos et des Monts Bana-Bangangté-Bangou faisait encore face à des préjugés et/ou croyances selon lesquelles « les femmes ne peuvent pas diriger les hommes », « une femme ne peut pas diriger une entreprise », « les femmes n’héritent pas et/ou ne possèdent pas de propriété foncière », « une femme ne parle pas en présence d’un homme », « une femme ne doit pas aller à l’école », etc. Rainforest Alliance veut donc déconstruire ces stéréotypes en amenant les femmes à croire en elles et à se réaliser. La responsable genre et droits de l’Homme de Rainforest Alliance, Bih Bridget Mbacham, évoque comme acquis une meilleure visibilité des femmes Mbororo qui ont de plus en plus la parole et peuvent engager des actions de plaidoyer sans que leurs époux ne s’y opposent comme c’était le cas lorsque l’autorisation du partenaire était requise.
Françoise Saho, femme leader et conseillère municipale à la commune de Batcham, a déjà sa petite idée sur la formation reçue en éducation financière, notamment sur l’élaboration du budget. « En tant que femme paysanne, je fais mon plan de travail en sachant que je vais mettre tel montant en jeu pour débroussailler, semer et entretenir mon champ. A la fin, je dois savoir si après la vente, j’ai perdu ou j’ai gagné. Au plan du ménage, je fais mon programme par mois en intégrant la scolarité des enfants, la ration, etc. Une telle formation nous est utile », se réjouit-elle.
Les thématiques abordées – la confiance en soi, l’art oratoire, le plaidoyer et l’éducation financière – s’inscrivent dans le long terme. La consultante en leadership et entrepreneuriat, Marie-Caroline Kingue, se félicite des progrès enregistrés depuis le démarrage du processus en 2022. « Je les sens plus sûres d’elles même dans la prise de parole, dans la façon de parler et de se présenter…», relate-t-elle. A son avis, l’un des premiers changements est l’élection de la plupart d’entre elles au sein des CCGP et CGP.
La durabilité de l’initiative passe par la transmission des savoirs acquis
En perspective, les défis sont immenses. « Les femmes sont sur le terrain mais elles ont aussi leur mot à dire sur ce qui leur concerne, sur la gestion de leurs sols. Il faut qu’elles transmettent leurs savoirs à leurs communautés parce qu’elles ne sont pas les seules concernées », soutient Mme Kingue. Ce volet transmission de connaissances, avoue-t-elle est venu spontanément. « Si on forme 30 femmes, en réalité on frome des centaines de femmes derrière. Il y a un effet multiplicateur qui est important », poursuit notre interlocutrice.
La formation (troisième du genre) s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Women in COBALAM » qui consiste à renforcer les droits socio-économiques des femmes et des jeunes (femmes) par la promotion de la gestion communautaire et écologiquement durable des paysages. Le projet cofinancé par l’Union européenne (UE), le Fonds pour l’environnement mondial (GEF) et le Programme des Nations pour l’environnement (PNUE) pour une période de trois ans (2020-2023) promeut une meilleure représentativité des femmes dans les instances de décision des monts Bamboutos et Bana-Bangangté-Bangou.